Famille de sportifs

Famille de sportifs : Les Tillie

Reuters/Carlos Garcia Rawlins

À l’aube du premier match des bleus lors de l’Euro de volley-ball (ce soir à 19h sur la chaîne l’Equipe), un nom résonne encore à nos oreilles, Tillie.

Bien que le paternel, Laurent ait quitté son poste de sélectionneur le mois dernier, et même si Kévin, le cadet, n’est pas retenu pour cette compétition, les Tillie restent présent sur le devant de la scène. Présentation.

Laurent Tillie (ancien international volley (1982-1995), ancien sélectionneur de l’équipe de France (2012-2021), coach au Japon depuis 2020 – Panasonic Panthers).

Caroline Keulen-Tillie (ancienne internationale Hollandaise de volley, 5 fois championne des Pays-Bas).

Enfance et rencontre

Le volley, et le sport en général sont une affaire de famille chez les Tillie. Guy, le père de Laurent, a été champion de France de volley avec le BNCI Alger en 1959.« Mes grands-parents maternels sont partis en vacances en Algérie, ils ont trouvé ça tellement beau qu’ils ont décidé de rester. Ma mère, qui est née là-bas, a rencontré mon père dans le Nord et ils sont retournés vivre de l’autre côté de la Méditerranée. Après l’indépendance, ils voulaient rester, mais ça n’a pas été possible. On est rentrés après la naissance de mon frère Stéphane, en 64.« 

À cette époque, la majorité des français d’Algérie avait déjà rejoint la métropole. À Lyon dans un premier temps où Guy et sa femme Colette jouent au volley avec d’autres pieds-noirs, la famille déménage ensuite à Nice ou Guy et Colette, participent activement à la création du Nice volley-ball en 1976.

C’est là que Laurent se met à jouer sérieusement au volley, lui qui pratiquait le judo, la natation et le tennis notamment. Passant professionnel dès l’âge de 17 ans, Laurent gravit les échelons du volley petit à petit jusqu’à voir les portes de l’Equipe de France s’ouvrir à lui en 1982. Sélection où il évoluera au poste de réceptionneur-attaquant pendant 13 ans, (406 sélections) remportant deux médailles aux championnats d’Europe. Son palmarès est bien plus fourni en club avec 8 titres de champion de France et 2 Coupes de France.

C’est lors du championnat d’Europe 1985 organisé aux Pays-Bas qu’il rencontre sa future femme, Caroline Keulen, elle-même internationale Hollandaise de volley. Les deux amoureux se marient en 1987 et évoquent le fait d’agrandir la famille.

Killian, Kévin et Kim en 2017.

Tout le monde le sait, être « fils de » dans le sport est loin d’être un cadeau. De multiples exemples existent, et même si le volley n’a pas le rayonnement du foot ou du basket en France, les trois enfants vont réaliser l’exploit de devenir professionnels et ainsi faire perdurer la tradition familiale.

Kim, le précurseur

Dès leur enfance, Kim l’ainé et Kévin son cadet, font du gymnase leur seconde maison, suivant leurs parents même lors des entraînements. Kim déclare, « C’est dans nos gènes, tout simplement. Durant notre enfance, nous étions tout le temps au gymnase, on regardait les matchs, on jouait au volley, au basket, au foot, on pratiquait quasiment tous les sports. »

Un match en particulier va marquer la jeunesse des deux frères, la venue des Bulls de Chicago à Paris le 17 octobre 1997. C’est lors de cet événement que l’intérêt de Kim pour le basketball va se transformer en véritable passion. Il décide de quitter le football qu’il pratiquait jusque-là, pour passer au basket.

Après un parcours junior effectué au Paris Basket Racing, Kim part aux Etats-Unis afin d’y découvrir une nouvelle culture, direction l’université d’Utah. Il y passa 4 ans afin de s’aguerrir en tant qu’homme et en tant que jeune joueur en devenir. C’est lui qui va montrer la voie à ses frères.

Malheureusement, l’échelon NBA semble un peu haut pour Kim et, après sa non-sélection à la draft 2010, il décide de retourner en France afin d’y faire ses premiers pas comme professionnel.

Il s’en suivra un certain nombre de clubs visités avec succès, participant à l’Euroleague plusieurs saisons d’affilé. International français (42 sélections), il obtient la médaille de bronze à la Coupe de Monde 2014 au côté de Batum, Gobert, Diaw entre autres.

Il a eu la chance de participer à la fête Olympique en 2016 à Rio, sans médaille à la clé cette fois-ci. Il évolue depuis 2020 au Japon dans le club des Ryukyu Golden Kings.

Kévin, 3ème génération de volleyeur

Kévin, le cadet de la famille, fait ses armes avec son grand frère lors de ces premières années. Basket, tennis, foot, volley, le garçon touche-à-tout. C’est ce dernier sport qu’il commence à pratiquer sérieusement au collège, dans un programme bien connu des jeunes français, l’UNSS.

Il imite son frère en partant effectuer son parcours universitaire en Amérique, 2 ans au Canada tout d’abord, avant de terminer son cursus à la fac d’Irvine en Californie. Il y remporta 2 fois le championnat universitaire en 2012 et 2013. Son diplôme en poche, Kévin rentre lui aussi en Europe pour y démarrer sa carrière pro (les U.S.A. n’ayant pas de championnat professionnel de volley …).

Pendant sa parenthèse américaine, Kévin devient international français dès 2012, juste avant la nomination de son père. Kévin déclara quelques années plus tard, « Déjà, ce qui m’a aidé en équipe de France, c’est d’avoir d’abord été sélectionné par Blain. J’avais déjà démontré que je pouvais être dans l’équipe avant que mon père n’arrive à sa tête.» Et le réceptionneur-attaquant de préciser, un sourire aux lèvres : « Finalement, je n’ai pas souffert de cette image en équipe de France car je vis avec depuis que je suis tout jeune. Evidemment, au début, dans le groupe, il y a eu quelques petites blagues sur le sujet mais cela me faisait rire aussi. Et puis après, je pense avoir démontré sur le terrain que je méritais ma place, ce qui a réglé le problème.  »

Il y connaîtra les plus grands succès des bleus avec le titre de champion d’Europe obtenu en 2015, la ligue mondiale remportée la même année, mais aussi quelques déceptions avec cet échec lors des J.O. de Rio où la France ne sort pas des poules. Vient enfin l’apothéose, avec le titre de champion olympique obtenu à Tokyo au côté de son père.

Non retenu pour le championnat d’Europe 2021, à lui de prouver qu’il a encore le niveau et qu’il n’est pas « que le fils de Laurent ».

Killian, le petit prodige

Le petit dernier de la famille se prénomme Killian, né en 98. Ça ne vous rappelle personne ? … Ses frères lui ont apporté conseils et bienveillance lors de son enfance et d’après eux, c’est lui le plus doué de la famille.

Avec ces 2,08m, Killian aurait lui aussi certainement pu briller au volley, mais c’est le basket que le benjamin de la famille à choisi.

Après un parcours universitaire fait à Gonzaga, ponctué d’un Final Four disputé en 2017, Killian se met à rêver de NBA comme son grand frère et attend son heure le soir de la draft 2020, 10 ans après Kim. Ayant souffert de multiples blessures lors de ses années fac, les franchises NBA rechignent à le sélectionner, le voilà comme Kim, sans club au soir de la draft. Les similitudes dans ces histoires sont assez frappantes … Mais la NBA à évolué depuis la draft de l’aîné, et maintenant, elle a mis en place une ligue mineure, la G League destinée à laisser une seconde chance aux joueurs, afin qu’ils continuent leur développement. Killian en bénéficie aussitôt, et les Grizzlies de Memphis lui proposent un contrat « two-way » permettant aux joueurs de faire la navette en la NBA et la G League.

Il marque ses premiers points en NBA le 28 février 2021 face à Houston, il a également pu commencer son premier match en tant que titulaire en fin de saison face aux Kings, avec 16 points à la clé.

Lors de la dernière intersaison, les Grizzlies lui ont offert un second « two-way contract » pour la saison à venir, preuve d’une certaine confiance qu’ils placent en lui. Nul doute qu’il effectuera une carrière pleine, à l’image de ses frères, que ce soit en NBA ou ailleurs.

Et bientôt la suite ?

Ces trois réussites sont sans doute liées aux gènes, mais plus encore au fait du soutien infaillible des parents qui voient là, le moyen de s’émanciper. « Leur mère s’est beaucoup occupée d’eux, explique Laurent Tillie. On a essayé de les accompagner pour qu’ils prennent du plaisir. Mais rien n’était prévu, on n’imaginait pas qu’ils deviennent pros. Le sport n’est pas un objectif en soi, mais un moyen de se construire et se développer. Après, il a peut-être un ADN de vainqueur, mais il faut aussi une part de chance quand tu fais un sport collectif. »

On attend maintenant avec impatience de savoir quels sports vont pratiquer les enfants de Kim et Kévin, s’ils décident de suivre le même chemin, ou pas. Rendez-vous au J.O. 2040.

Palmarès

Kim Tillie, né le 15/07/1988 à Cagnes-sur-Mer.

2,11m – 🏀 Poste 4 / 5 – Ryukyu Golden Kings

Palmarès :

2014 : 🥉 Médaille de bronze Coupe du Monde

2007 : 🥉 Médaille de bronze Mondial U19

2006 : 🥇 Médaille d’or Euro U18

Kévin Tillie, né le 02/11/1990 à Cagnes-sur-Mer.

1,98m – 🏐 Poste réceptionneur-attaquant – Tours VB

Palmarès :

2021 : 🥇 Médaille d’or Jeux Olympiques de Tokyo 2020

2021 : 🥉 Médaille de bronze Volleyball Nations League

2018 : 🥈 Médaille d’argent Volleyball Nations League

2017 : 🥇 Vainqueur de la Coupe et du Championnat de Pologne (Kedzierzyn-Kozle)

2016 : 🥉 Médaille de bronze Ligue Mondiale

2016 : 🥇 Vainqueur du Championnat de Pologne (Kedzierzyn-Kozle)

2015 : 🥇 Champion d’Europe

2015 : 🥇 Médaille d’or Ligue Mondiale

2015 : 🥇 Vainqueur du Championnat de Turquie  (Arkasspor Izmir)

2012, 2013 : 🥇 Champion NCAA

2008 : 🥇 Championnat d’Europe des moins de 21 ans


 

Killian Tillie, né le 05/03/1998 à Paris.

2,08m – 🏀 Poste 4 / 5 – Memphis Grizzlies

Palmarès :

2017 : 🥈 Finaliste du Final Four NCAA

2014 : 🥇 Médaille d’or Euro U16

À suivre : Famille Watt

JJ Watt / Instagram

Sources :

https://www.lefigaro.fr/sports/jeux-olympiques/rio-2016/actualites/les-tillie-une-famille-olympique-818664

https://www.lefigaro.fr/sports/volley/equipe-de-france/actualites/le-reve-olympique-de-tillie-pere-et-fils-773505

https://www.leparisien.fr/sports/basket-killian-tillie-petit-dernier-d-une-famille-de-haut-niveau-31-03-2017-6811665.php

https://www.pressreader.com/monaco/monaco-matin/20190106/281547997026733

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